Les représentations de la ville contemporaine permettent-elles de se projeter dans un avenir tangible ? L’usage des lieux est-il conforme aux plans imaginés par les architectes ?
La série Ici prochainement transpose la réalité d’un habitat collectif ordinaire et d’une pratique quotidienne de la ville dans l’esthétique des vues projectives destinées à promouvoir les projets immobiliers de standing. Une esthétique d’inspiration publicitaire, qui contient la promesse qu’une réécriture de l’architecture ou d’un plan de circulation peut engendrer une ville nouvelle, dépourvue de nuisances et peuplée de personnages majoritairement blancs, blonds et féminins. Tout ce qui se dresse entre le spectateur et le projet – arbres, véhicules, piétons, etc. – apparaît en transparence, traduisant la place d’un individu partiellement absent du décor.
Le cadre laisse ici entrevoir les inscriptions sur les murs, le linge ou les paraboles aux fenêtres, les objets abandonnés, l’usure – tout ce qui atteste qu’une civilisation produit des traces et marque les espaces qu’elle s’approprie. Au premier plan, la présence des occupants du quartier met en évidence leurs singularités, leurs trajectoires et leur rapport au territoire d’une manière générale. L’irruption d’une mémoire concrète des lieux contredit ainsi la valeur universelle et prospective des images.